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L'Écho des cabanes
5 juin 2014

Pourquoi nous aimons la vie à Montréal

... Parce que la diversité des cultures va de soi.

Exemple: Siegfried était récemment en quête d'un costume pour se rendre à une soirée de gala. Il pousse au hasard la porte d'une échoppe quasiment invisible de l'extérieur, car située au sous-sol d'un vaste immeuble. Une affiche était apposée sur la vitrine, promettant tissus de qualité, conseils avisés et retouches gratuites. Eh bien nous avons passé plus d'une heure dans la boutique, dont le propriétaire est Libanais, le couturier Arménien et le vendeur Syrien chrétien. Au final, Siegfried a acheté quatre complets au prix (négocié pour le plaisir) de deux, mais ce n'est pas le plus important. Cette heure-là compte comme une vraie rencontre, avec des gens qui sont venus de loin pour fuir la guerre, mettre leurs familles à l'abri et se bâtir une vie meilleure.

Autre exemple: avec l'arrivée des beaux jours (tu parles, la température oscille entre 18 et 20 degrés et le soleil n'est qu'une lointaine promesse, mais si les Francofolies commencent la semaine prochaine, c'est donc qu'on aborde bien l'été, non ?), nous sommes quelques-unes à renouer avec la fréquentation d'un institut de beauté. Perso, je tiens les séances chez le coiffeur ou chez l'esthéticienne pour de pénibles corvées: on en revient la tête farcie de confidences qu'on n'a jamais sollicitées alors qu'on croyait naivement s'acheter du temps pour soi... Mais enfin, pas le choix : bientôt les soirées arrosées de frais rosé siroté sur la terrasse, bientôt les longs weekends (horaire d'été à la fac: on ne travaille pas le vendredi), bientôt les jupes légères et les shorts mutins.

Je prends donc rendez-vous au salon le plus proche de l'UdeM, repéré parce que situé à l'étage au-dessus de l'Atlantique, cette épicerie achalandée en produits venus de Teutonie et d'Europe de l'Est. La propriétaire du salon approche de la soixantaine, elle est mi-Ukrainienne, mi-Tatar et son assitant est un Mongol aux sourcils épilés et au bronzage suspect. Comme il se doit la dame est une ancienne ballerine, naturellement elle a été envoyée en pension au Bolchoi dès l'âge de dix ans, évidemment elle a connu la gloire et son nom est encore fameux en Russie, forcément son mari (français) l'a battue comme plâtre et traitée en esclave après l'avoir sortie d'URSS, et il va de soi que l'enfant né de cette union s'est carbonisé le cerveau à force de goûter à tout ce qui se fume, se boit et s'injecte. Bon. J'ai lu Tolstoi, Dostoievski et Gogol, alors il n'y a rien là qui soit de nature à m'effarer. Je passe sur le fait que la séance entre les mains de cette admiratrice de Poutine a duré plus de trois heures (TROIS HEURES !) parce qu'elle s'interrompait à intervalles de plus en plus rapprochés pour s'envoyer discrètement ce que j'ai identifié comme de la vodka dissimulée dans un placard, ce qui l'amenait à répéter la même histoire deux, trois fois de suite, tout en se disputant en russe avec son second mari (un genre de Cosaque), lequel la tançait à travers la cloison d'un ton si furieux que je m'attendais à le voir débouler dans la cabine ou du moins en arracher la porte...

Voilà. Ce qui est fascinant ici, à Montréal, et ce que je retiens de tout ça, c'est qu'en France je n'avais jamais croisé la route de tant de gens venus de contrées si lointaines. Et cela m'émerveille toujours autant.

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