Concert numéro 3

Samedi soir, nous étions attendus par Anna Calvi au Cabaret du Mile End.

Toute petite et blonde personne juchée sur des escarpins insensés, comme sanglée dans un pantalon noir, serrée dans son chemisier rouge boutonné jusqu'au cou et aux poignets, strict chignon de ballerine, maquillage glamour: elle est à classer parmi les créatures en totale maîtrise d'elles-mêmes des photos de Newton. Elle bouge à peine, sauf pour régler ses pédales d'effets : toute son énergie est donc transférée dans sa voix. Et là, commotion. Parce que, à mille lieues de cette image sophistiquée, la voix d'Anna Calvi la dépasse. On n'entrave pas une voix pareille. Cette jeune femme est capable d'expédier puissamment des envolées bien brutes, elle est capable aussi de s'isoler sur scène avec sa guitare pour en obtenir des vibrations qui semblent lui faire beaucoup d'effet, et elle conclut en se consumant dans un chuchotis de phtisique. Moi, j'aime bien quand sa lèvre supérieure se relève à droite comme faisait Elvis ou Billy Idol. Ça lui donne un petit air comique (mais je ne suis pas sûre que c'est volontaire!)

En réalité, ce qui nous a plu, c'était le groupe qui assurait la première partie : The Gift est un groupe portugais de rock alternatif formé en 1994, qui a déjà sorti 5 albums. Ils venaient présenter leur dernier, Explode. Cette formation transmettait une telle énergie ludique, une telle vivacité, que nous avions un sourire bêta tout le long de leur prestation. C'est une musique un peu foutraque, avec des références honorables et drôles : ici un clin d'oeil à Queen, là peut-être un souvenir de Yann Tiersen, là encore des hommages à Cure, Radiohead ou Arcade Fire. La voix de la chanteuse (Sonia Tavares, enceinte et ondulante) est très très très grave, quoiqu'elle ne se prive pas de lui donner parfois des inflexions mutines.  Depuis, je passe ça plusieurs fois par jour : 12 minutes de bonheur ascensionnel !

Et puis hier, nous avons décoré le sapin ! Le voilà :