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L'Écho des cabanes
8 août 2011

tandis que les Bourses dévissent... causons culture inuit, carottes, tomates empoisonnées et sectes cathares !

C'est la crise, c'est affreux, tout va mal, le monde explose paraît-il.

Rien de tel que de se confronter au travail une artiste entière, énergique et volupteuse, capable de dipenser son énergie à la foule venue l'applaudir. Elisapie Isaac chante en langue inuit (ou inoue, ou inouk, j'avoue ne pas avoir très bien compris les nuances, variables selon que l'on évoque une personne, une terre ou la langue, et il est peut-être encore question de genre), elle chante en anglais et aussi en français. Elle ne danse pas vraiment, elle arpente la scène en ondulant, et sa démarche est à la fois puissante et sensuelle. Elle lève ses bras vers le ciel, puis de son index elle désigne le fil invisible de l'émotion qui unit les spectateurs... 

 

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Hier 7 août : marché Jean-Talon, d'où j'ai rapporté des carottes de toutes les couleurs ; la plupart d'entre nous ignorons que la couleur orangée de la carotte n'est apparue qu'au XIXème siècle. "Puis un jour, dans un champ, on trouva, caprice de la nature, une carotte orange. Ayant ramassé la graine, on commença à hybrider, sélectionner, croiser. Ainsi partant d'une couleur beige qui rappelait davantage celle du panais, la carotte s'est vu habiller d'orange. Au Québec,on trouve des carottes jaunes, blanches, rouges, roses. Il y a des semaines où la carotte est plus jaune, plus rougeâtre... c'est la nature qui peint !" (Michèle SERRÉ, Les produits du marché au Québec, Trécarré 2005).

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J'ai aussi trouvé d'adorables petits pâtissons (ou "bonnets-de-prêtres") tout mignons, à peine 5 cm de diamètre, d'une chatoyante couleur jaune d'or. Et je vous informe que "pâtisson est un mot provençal donné à cette petite courge parce qu'elle ressemble à un gâteau sorti d'un moule à feston. Cueilli très jeune, le pâtisson est remarquable par la fermeté de sa chair et la finesse de son goût" (Id.) On les conserve dans le vinaigre, et on les sert comme des cornichons. On les mange plutôt crus, ou en brochettes pour l'apéritif en les alternant avec des pruneaux. Je vous raconterai !

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Et nous allons aussi goûter les tomates roses, d'une très jolie couleur, entre le corail et le fuschia. Ce qui me permet de vous apprendre encore ceci, toujours grâce à ce livre déjà cité qui trône désormais dans la cuisine, que la tomate était seulement une plante médicinale et d'ornement, qu'elle ne fut réintroduite en Amérique par les colons qu'à partir de 1812 et que "jusque dans les années 1930, de vieilles superstitions traînaient toujours dans les cuisines de nos grands-mères. On prétendait encore que manger une tomate était suicidaire... et il fallait au moins trois heures de cuisson pour faire disparaître cette vieille peur..."

Après avoir célébré les "...te-trois ans" de Zig, nous nous sommes promenés dans la réserve naturelle aménagée auprès des rapides de Lachine. Et là, au détour d'un chemin, nous voilà entrepris par deux messieurs qui, comme cela arrive souvent ici, étaient très curieux de savoir qui nous étions, d'où nous venions, pourquoi nous étions venus jusqu'à Montréal, et si nous avions une idée de ce qui nous attend en hiver etc. Il faut imaginer la scène, vraiment : les deux messieurs assis à une table de pique-nique, qui suspendaient leur conversation pour s'entretenir avec nous, avec pour décor merveilleux les flots puissants du Saint-Laurent, et en fond sonore le gazouillis d'oiseaux dont nous ne connaissons pas encore les noms. Eh bien, l'un de ces messieurs était autrefois avocat, issu d'une famille originaire de Saintonge. Comme nous étions interrogés sur nos parcours respectifs, Siegfried tenait l'occasion d'évoquer son intérêt pour les hérésies médiévales, mais qulle ne fut pas sa surprise lorsqu'il s'aperçut que ce domaine était fort bien connu de l'autre monsieur; en effet, il était Libanais, né et éduqué à Beyrouth à l'époque où cette ville était encore sous mandat français, devenu professeur de philosophie, et intarissable sur le sujet de l'influence des sectes de Mythra et des Apolloniens. Cette conversation impromptue était déjà bien surréaliste, mais il a fallu que nos interlocuteurs s'enquièrent de notre provenance exacte... et alors l'avocat nous a confié qu'il avait parcouru la Bourgogne, et que l'un de ses proches amis venait de... Charny (pour ceux qui l'ignorent, il s'agit d'un village à quelques kilomètres de Joigny!). Cet ami avait quitté l'Yonne, s'était établi au Québec, avait épousé une québécoise et est d'autant moins revenu au village qu'il est mort ici.

Nous les avons quittés enchantés, car cette rencontre clôturait une journée qui nous avait cependant semblé parfaite !

Allez, une image que j'aime bien, photo d'un inconnu surpris au bord du fleuve: il avait déposé sa bicyclette et corrigeait apparemment un manuscrit...

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