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L'Écho des cabanes
13 mars 2015

"M'enfin, Ahmed !..."

Hier soir, j'assistais sagement à mon cours sur l'intérêt que peuvent trouver les entrepreneurs à l'utilisation des médias sociaux. Passons sur le fait qu'une houle a parcouru l'assemblée quand le "formateur" (un consultant venu vendre sa soupe) a expliqué que nous devons "vendre ! vendre! vendre! Générer des profits! Et pour cela, il faut éduquer le client." Ça n'a pas loupé : nombre d'entre nous ont sursauté, et certains ont entrepris de lui expliquer la nuance entre informer et éduquer (grosso modo: dans une situation d'apprentissage, transmettre des connaissances en s'appuyant sur des outils et des méthodes) , mais notre intervention n'a pas eu l'heur de lui plaire. 

Du coup, à la pause, nous devisions entre collègues. L'un de nous ayant pour projet de créer un camp de vacances pour les enfants sur le terrain dont il est propriétaire, la conversation est partie sur le thème: "Ah, si j'avais un terrain à la campagne, je ferais..." et j'en suis venue à papoter avec un monsieur très malin, Berbère, qui a immigré à Montréal voici une bonne dizaine d'années. Moi, bien sûr, si j'avais un terrain je bâtirais une ferme, j'élèverais des poules, une deux biquettes tiendraient compagnie à mon âne, et je cultiverais mes fruits, mes légumes et mes herbes médicinales. Mon collègue m'explique alors que son projet ultime est de planter une citronneraie en Algérie, et le voici qui m'entreprend sur la permaculture et partage son tutoriel pour faire pousser des pommes de terre dans son garage par moins 15. On papote, et nous voilà rendus aux facilitations décrétées par la Commission européenne  en ce qui a trait aux OGM.

Illico, réaction de mon Berbère: "L'Europe est le terrain de jeux des Américains, de toute façon c'est eux qui l'ont voulue, et puis maintenant les Monsanto et les autres firmes font ce qu'ils veulent là-bas, c'est pour ça qu'il faut voter Marine Le Pen, parce que elle, elle est contre tout ça !"

- M'enfin, Ahmed, tu ne peux pas soutenir Marine Le Pen...

- Mais si ! Il n'y a personne contre l'Europe! Les gens, ils n'en veulent pas, de l'Europe ! On leur a menti, ils se sont apauvris, c'est crise après crise... Il faut qu'elle nettoie tout ça !

- Ahmed, voyons, l'Europe n'est pas le seul cheval de bataille des Le Pen...

- Et puis, elle se bat contre l'islamisme !

(ici: hochement de tête approbateur de ma voisine, voilée)

Peine perdue.

Le soir, je rentre, et Iris trépignait pour me montrer la réponse que Valls a faite à Marion Maréchal-Le Pen. J'y ai vu une gesticulation de matamore, des coups de menton qui n'impressionnent personne, une impuissance étalée au grand jour. Comment se fait-il que nos gouvernants ne mesurent pas leur responsabilité dans le ras-le-bol généralisé qui conduira probablement Marine Le Pen aux portes de l'Élysée ? Comment se fait-il qu'ils en soient encore à tenir un discours "Si vous ne votez pas pour nous, ce sera le méchant ogre FN qui vous mangera tout crus!" 

Et le pire de tout cela, c'est qu'il est trop tard, le mal est fait. 

 

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Commentaires
B
Mouais.<br /> <br /> Plus facile à dire qu'à faire. Bien entendu si par malheur ça arrive, ça aura au moins la vertu de montrer qu'en fait personne n'a de solution et que celle-là était la pire de toutes (sauf pour les trafiquants d'armes, évidemment).<br /> <br /> Pour positiver, j'ai de mon côté de l'Atlantique discuté avec une algérienne au MuCEM (très joli musée, d'ailleurs), de sujets de cet acabit (j'avais fait une sortie sur maths et démocratie lors du Pi day). Elle était plus mesurée, mais tout aussi abattue. Par exemple par le service public. Mais elle était assez lucide sur le fait que le FN rendrait le service public encore plus misérable, notamment l'enseignement.<br /> <br /> Mais, ok, ceci ne va pas nous aider beaucoup. Faut-il réfléchir à prendre un billet aller simple pour Mars ?
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