Oh.
Mercredi matin. Une heure de bus + métro (3 changements) pour venir jusqu'au bureau. Je m'installe, dépose mon lunch au frigo, verse le contenu de ma bouteille isotherme dans ma tasse à motif de rouge-gorge, et j'allume mon ordi. Première activité de la journée: lire la presse - Le Devoir, Le Monde (surtout Le Monde Campus), un peu Libé, chaque jour L'Yonne républicaine.
Mais ce matin, je suis trop occupée à reprendre mon souffle, quelque peu suspendu après avoir parcouru cet article dans Le Devoir: le ministre de l'Éducation Bolduc ne voit pas en quoi le fait de procéder à des fouilles à nu dans le cadre scolaire pose problème:
« Il est permis de faire des fouilles à nu, à une seule condition, il faut que ça soit très respectueux, il y a un cadre qui doit être respecté ».
Yves Bolduc, c'est cette tête de vainqueur:
Alors de quoi s'agit-il ?
''Soupçonnée de posséder de la drogue, une jeune fille de l’école secondaire de Neufchâtel s’est fait demander de se dévêtir derrière une couverture que tenait une intervenante, en présence de la directrice de l’école''. Or il est clairement indiqué sur le site gouvernemental Éducaloi que ''la fouille doit être la plus respectueuse possible. Par exemple, la fouille sera faite par-dessus tes vêtements.''
Ici ''la Commission scolaire de la Capitale indique avoir agi en tout respect (sic), soulignant qu’un écran a été mis en place pour assurer la protection de la nudité de l’individu et que ce sont les vêtements qui ont été fouillés et non l’individu. Selon elle, la fouille est également acceptable si elle se déroule en présence de deux personnes du même sexe que la personne fouillée et qu’il n’y a « aucun contact direct avec l’élève pour le palper »''. Réjouissons-nous: il n'y a pas de gants en latex dans les casiers de la salle des profs.
Ce qui nous renvoie à un précédent: ''En mai 2013, des membres du personnel de l’école Cap-Jeunesse à Saint-Jérôme avaient imposé une fouille à nu à une trentaine d’élèves durant un examen pour que soit démasqué celui ou celle qui cachait un téléphone cellulaire dans le but de tricher. La chose avait surpris les élèves et plusieurs avaient dit en avoir été traumatisés (sans blague !!). Les filles avaient dû se dévêtir en présence d’une femme et les garçons, en présence d’un homme''.
Justification de la porte-parole de la commission scolaire Rivière-du-Nord : « Ils appellent ça une fouille à nu, mais ce n’est pas vraiment une fouille à nu [….] car ça se fait derrière un drap. »
???
Mauvaise nouvelle pour nous, car Joséphine est inscrite dans une école dépendant de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys: la fouille à nu « n’(y) est jamais la première option », note le porte-parole Jean-Michel Nahas. « La première étape, si on a un motif raisonnable de croire qu’un geste criminel a été posé, c’est d’appeler les services policiers ». Mais si les délais ne le permettent pas, la fouille à nu peut être exigée aux conditions évoquées par les autres commissions scolaires.
Rassurant, non ?
Vilhelm Hammershoi, Landscape in the Snow,1895-1896